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Regards et Partage...

Un regard plus spirituel

Le Deuxième Jour, Le Temple du Jugement (I) suite

Le Deuxième Jour, Le Temple du Jugement (I) suite

Notre désarroi était si grand que je puis à peine décrire quelles pensées et mimiques mélancoliques furent échangées.

Cependant, la plupart d'entre nous projetèrent d'attendre la pesée, espérant, si cela finissait mal, pouvoir repartir en paix.
Je pris rapidement ma résolution: comme ma conscience m'assurait de ma stupidité et de mon indignité, je décidai de rester avec les autres dans la salle et de me contenter du repas offert, plutôt que d'attendre un échec imminent, avec les dangers correspondants.

Après que tous eurent été conduits par leur lumière quelque part dans une chambre
(chacun séparément comme je l'appris par la suite), nous restâmes neuf, dont notamment celui qui m'avait parlé à table.
Malgré tout, nos lumières ne nous quittaient pas. Bientôt, un des pages déjà nommés entra avec un gros paquet de cordes et nous demanda gravement si nous étions décidés à rester ici. Quand nous eûmes acquiescé en soupirant, il attacha chacun de nous dans un endroit déterminé, puis disparut avec nos lumières, nous abandonnant, misérables que nous étions, dans l'obscurité.
Pour beaucoup, la mesure était pleine et je ne pus moi-même retenir mes larmes .

Car, bien qu' il ne fût pas interdit de se parler, les mots nous manquaient pour exprimer notre
tristesse et notre douleur. Les cordes étaient faites de manière étonnante: il était impossible de les couper et encore moins d'en libérer ses pieds. Je ne pouvais pas non plus me consoler avec la pensée que de grands affronts attendaient ceux qui étaient allés prendre du repos, alors
que nous, nous étions en mesure de payer notre audace en une nuit.

Je finis par m'endormir sur des pensées mélancoliques.

En effet, si bien peu d'entre nous parvinrent à fermer les yeux, je ne pus m'empêcher de sombrer dans le sommeil à cause de ma fatigue . En dormant, je fis un songe et, quoi qu' il ne signifie pas grand chose, il ne me semble pas superflu de le raconter.
Je rêvai que j'étais sur une haute montagne. Devant moi je voyais s'étendre une grande vallée, où s'entassait une foule innombrable d'êtres humains.

Chacun était suspendu au ciel par un fil à la tête. L'un était accroché haut, l'autre plus
bas, plusieurs même étaient encore à terre. Un vieillard volait alentour dans l' air, tenant dans ses mains des ciseaux, avec lesquels il coupait un fil par-ci, un fil par-là.
Ceux qui pendaient près de la terre tombaient vite et sans bruit, mais si c'était le tour de quelqu'un qui pendait haut, sa chute faisait trembler la terre.

Certains avaient la chance d'avoir un fil qui s'étirait, en sorte qu'ils arrivaient de nouveau sur terre
avant qu'il fût coupé. Leurs cabrioles m'amusaient beaucoup et je me réjouissais fort quand l'un de ceux qui s'étaient maintenus longtemps dans le ciel pour échapper aux Noces,
retombait honteusement en entraînant quelques voisins dans sa chute.
Je me réjouissais aussi, quand quelqu'un qui était toujours maintenu près de la terre, disparaissait avec une discrétion si merveilleuse que ses voisins eux-mêmes ne s'en
apercevaient pas.

Au plus fort de ma gaieté, un de mes compagnons d'emprisonnement me heurta, ce qui me
réveilla, mais je ne tins pas à parler. Je réfléchis cependant à mon rêve, et le racontai à mon frère couché près de moi, de l'autre côté. Il lui plut beaucoup, espérant qu'il recelait
pour nous un réconfort.
Tout en parlant ainsi, nous passâmes le reste de la nuit dans l'attente impatiente du jour.

A suivre : les commentaires de Jan van Rijckenborgh.

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